Compte rendu de la grotte du serpent dimanche 13 mars 2022
Participants :
- Alex
- Philippe
- Arnaud
- Rita
- Séléne
- Minou
- Leila
- Ludwig
- Jojo
TPSP : 6 heures
Miracle, nous sommes à l’heure… En même pas 5 minutes, toutes les voitures sont au point de rendez-vous et nous partons en convoi vers le virage en épingle mentionné dans les recommandations de JJA.
On se gare et on s’équipe, le temps et chaud gris clair, une sorte d’été du nord… et c’est partie pour les 900 mètres d’approche. Je suis confiant, JJA m’a dit qu’il avait posé un cailloux il y a 20 ans pour signaler le chemin… 😉
Après quelques aller retour en pied de falaise, on a trouvé les trois entrées et j’attaque l’équipement de la niche de chien, sorte de petit renfoncement dans la falaise d’où par le premier p8. Dehors ça papote et ça roule des clopes, une sortie à 9 c’est vraiment bien !
Encore une fois la série de puits s’équipe en mono corde de 97 mètres. Je m’engouffre dans la première chatière verticale avec mon sherpa, sa corde, ses 25 amarrages et ses sangles qui commencent à trop s’attacher à la corde. En bas je furete pour trouver le passage avec arnaud et charlotte. C’est Rita qui le trouvera !!!
Je me régale, j’enchaine la recherche de spits, la réflexion de frottage de corde, l’anticipation de déviation, bref un bonheur. Un point d’honneur sur un fractio dans une chatière en haut d’un petit puit qui est facile à équiper mais sera piquante selon moi au retour. La bienveillance d’Alex posera une sangle bleu permettant de se longer avant le passage. Sinon je tente le plus grand nœud de fusion d’europe, m’en fous j’ai 10 mètre de corde pour jouer.
Arrivant sur la partie horizontale, nous passons aux agapes. moi sandwich beurre jambon, philippe, un truc ardéchois, et Rita du café chaud…. je crois.
Dès que le froid s’installe, on poursuit dans l’horizontal côté fistuleuse, et c’est un peu après un dernier p 10 équipé par Alex, que nous faisons demi tour. moi perso la dernière étroiture je passe pas. Je fais donc demi tour avec Sélène et on attaque la remontée un peu avant les autres. Un groupe de 9 personnes…. On doit fluidifier la remontée.
Je passe le clavier à Rita pour la suite…..
Ludwig, quelque peu dépité de ne pas réussir à passer dans la dernière étroiture étroite, ni verticale ni horizontale mais un peu tout ça à la fois, se résigne à amorcer la remontée avant les autres, accompagné de Sélène qui a déjà eu le temps de faire l’aller-retour, fière de son 38 méduse (lol).
Pour ma part je devrai m’y prendre à plusieurs fois. Je suis sûre que ça passe mais je n’ai pas trouvé la bonne contorsion de mon corps à moi que j’ai. Et c’est un peu épuisant parce que ça glisse dans les cailloux, enfin bref, je m’obstine et je finis par réussir à me redresser et à me hisser jusqu’au niveau du dessus, où Alex dans sa munificence, me tend la main pour m’éviter de glisser 10 fois sur le toboggan.
Il y a encore une petite salle à explorer par là en se glissant dans une autre étroiture mais vu les efforts que m’a demandé le dernier passage et la remontée qui s’annonce physique, je préfère m’économiser. Je reste un peu assise là pour reprendre mon souffle et puis je redescends dans la petite salle et me prépare moi aussi pour la remontée.
Le plus difficile sur cette remontée, et on s’en doutait en descendant, ce sont les passages étroits. Il y a en effet diverses étroitures verticales dans lesquelles on ne sait pas trop comment bouger pour se hisser et en plus on a un peu peur de frotter nos poignées contre des draperies ou autres concrétions magnifiques. On fait au mieux pour frotter le moins possible mais on n’a pas trop le choix.
Globalement cette remontée s’est bien passée (j’ai testé une nouvelle stratégie pour passer les fractio, en accrochant ma pédale sur le fractio, c’est pas mal ! Les échanges avec les différents spéléo du club sont des sources d’inspiration précieuses !). Toutefois à l’arrivée j’étais bien fatiguée
Parmi les moments forts de la journée, je retiens le spectacle magnifique d’un plafond plein de fistuleuses totalement féerique, comme des desserts glacés suspendus ou des pierres précieuses, enfin je ne sais pas, des tubes de lumière et aussi de très belles colonnes, des concrétions aux teintes diverses.
Dans cette grotte nous avons traversé des espaces très divers, avec à chaque fois des petites difficultés qui nous ont parfois demandé plus d’imagination que de ressources techniques à proprement parler. J’ai beaucoup aimé cette expérience.
Je garde aussi un souvenir ému et amusé du spectacle de Ludwig en train d’équiper un puits, assis au milieu de ses jouets par terre. J’avais vraiment l’impression de voir un gamin au milieu de ses légos, tout à son affaire, concentré, dans son élément, dans son petit monde. C’est beau de mettre une telle passion dans ses gestes ! Encore une fois cela me rappelle cette citation de René Char : « L’acte est vierge, même répété. ».
En fait ils ont été plusieurs à équiper et c’est Arnaud qui a déséquipé derrière. J’ai cru comprendre qu’il avait un peu sué en remontant la fameuse corde de 97 m et j’avoue que ça me rassure parce que la semaine dernière à la grotte du Chat, j’en ai bien bavé pour remonter cette corde mouillée
On suppose qu’il y a eu un peu de CO2 au fond du puits. Tout le monde n’a pas le même ressenti sur ce point mais Charlotte et moi on a eu du mal à respirer à un moment, surtout Charlotte qui semble très sensible au CO2 et qui à un moment est devenu toute pâle er a commencé à avoir très mal à la tête, d’ailleurs ce mal de crâne ne l’a pas quittée jusqu’à la sortie. Pour ma part j’ai surtout été très essoufflée au bout de quelques mouvements de remontée à peine. Ça ne correspond pas à ma forme ordinaire.
Quand je sors du dernier puits, Sélène et Ludwig patientent dans la niche de chien de l’entrée, à l’abri de la pluie qui a commencé à tomber à l’extérieur. J’ai besoin d’air, alors pour me faire de la place, Ils sortent à l’extérieur et vont s’abriter sous une corniche un peu plus loin.
Je m’extirpe moi aussi tant bien que mal. On accouchera tous de cette montagne avec la même réflexion : la tête en avant, c’est pas forcément une bonne idée, mais on ne voit pas trop comment faire autrement.
Dehors, il pleut franchement, l’air est plus que frais, le vent commence à souffler et la nuit à tomber. On attend que tout le monde soit sorti ou presque, et on commence à se diriger vers les voitures, qui tranquillement, qui au pas de course (Charlotte et moi pressées d’avancer parce qu’on a vraiment froid et en plus Minou a mal à la tête).
Quand on arrive aux voitures, c’est le déluge. On commence à se déshabiller pour se changer et c’est vraiment pas agréable. Sélène et moi on finira courageusement dans la voiture. Un grand merci à Jojo et Ludwig qui ont géré le bordel plein de boue du matos étalé sur nos tapis de riche (Ludwig) ou de pauvres (tous les autres).
Note pour moi-même : toujours vérifier toutes les lampes et toutes les recharges avant toute sortie spéléo. Je me suis retrouvée avec toutes mes lampes vides. Heureusement qu’Alex m’a prêté une de ses lampes de secours. On ne m’y reprendra plus.
Le soir mes genoux étaient de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Je n’ai pas encore trouvé les bonnes protections pour mes genoux. On a dû ramper un peu à certains endroits sur des cailloux et puis aussi, comme je n’ai pas beaucoup de force dans les bras, je me sers beaucoup des appuis sur mes genoux et sur mes pieds pour me hisser là où les autres se hissent à la force des poignets. Et donc les protections des genoux c’est important pour moi, sauf que celles que j’ai sont toujours en-dessous, soit au-dessus du genou mais jamais au bon endroit quand j’en ai besoin.
Lendemain j’ai un peu mal partout, une bonne fatigue dans tout le corps, souvenir des différentes contorsions qu’on a dû faire pour négocier avec certains passages.
J’ai adoré cette sortie, je me sens super bien et c’était vraiment sympa de se retrouver aussi nombreux, même si on met plus de temps pour remonter.
Vivement la prochaine !
P.S. (instant culture) : Cette sortie étant placée sous le signe de l’hermétisme mallarméen, ce que d’aucuns comprendront, je finis ce témoignage par quelques vers de l’illustre Stéphane, qui résonnerait bien, je trouve, au milieu des fistuleuses :
« Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix,
Que ne recueille pas de cinéraire amphoreSur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Mallarmé
Aboli bibelot d’inanité sonore… »
Big up aux personnes qui sont passés en grand écart, quitte à s’arracher l’entre jambe, sur l’oppo avant le P10, alors qu’il suffisait de faire pied d’un côté, main de l’autre… #spéléoencarton