Visite guidée au Delta 35 (D35) : sur les pas du -900 (et peut-être plus…)

  • Sortie du samedi 19 février 2022
  • Participant.es :
    • Charles,
    • Florian,
    • Patrice (FJS),
    • Bertrand,
    • Emilie (MASC)
  • Marche d’approche : 1h15
  • TPST : 5h30
  • Redescente : 45 min

Ce samedi, nous sommes invité.es par Charles des Furets Jaunes de Seyssins (FJS) à découvrir le D35, à Engins (38) dont il nous a longuement parlé. Le gouffre Delta 35 est répertorié comme la onzième entrée du gouffre Berger depuis sa jonction avec le réseau de la Fromagère en septembre 2016. Il a fait l’objet d’un important travail d’élargissement de la part du club des FJS qui ont dû œuvrer pendant 3 ans pour passer le boyau des gabions à -80 mètres, et est toujours en exploration, notamment d’un réseau amont à quelque -900 mètres de profondeur. Cette exploration est prévue pour bientôt, et aujourd’hui il s’agit pour trois FJS de descendre vers -150 mètres pour poser quelques pailles (on me signale qu’il ne faut pas dire explosifs…) afin d’élargir le méandre France-Islande et au passage remplacer une corde. Le gouffre est en effet pour l’instant équipé à demeure pour permettre les explorations. Bertrand et moi allons pouvoir bénéficier du travail des FJS et descendre avec eux jusqu’à -150 mètres voire plus pendant qu’ils posent les pailles.

Rendez-vous à 9h30 à Engins. Une marche d’approche d’environ 1h15 nous attend. Une bonne partie se fera sans neige alors que, quelques jours avant, Charles avait regretté de ne pas avoir pris ses skis de rando. Ah ce redoux… La marche d’approche déroule, sur une piste forestière. On fait une drôle de rencontre : un groupe d’Enginois en train de monter un lit pour équiper leur chalet. Ils ont choisi la solution de facilité, équiper le lit de roues et de skis de rando et le tracter… L’un est un ancien spéléo. On croisera un peu plus haut sa femme, également ancienne spéléo (ancien spéléo club d’Engins), qui nous offrira très gentiment des croquants aux amandes !

Au bout d’une grosse heure environ, on quitte la piste forestière pour s’engager dans la forêt enneigée, et nous arrivons rapidement au camp 3 étoiles installé par les FJS : un tipi pour garder les affaires au sec et se changer, et un autre pour abriter l’entrée du trou. Un rayon de soleil arrive jusqu’à nous, il est le bienvenu car il ne fait tout de même pas bien chaud… Nous nous changeons pour enfiler des vêtements secs et chauds (deux doudounes pour moi sous ma combi, je me fais un peu charrier mais je commence à me méfier des trous alpins, au pire je mettrai une doudoune dans le kit lors de la remontée). Nous cassons la croûte pour prendre des forces avant la descente sous terre, nous sommes quasiment prêt.es à y aller, quand Charles s’exclame : « Ah, ça y est, je sais ce que j’ai oublié ! ». Les pailles… Bon tant pis, ils pourront au moins changer la corde et percer les trous. Quelques instants après, re Charles : « Oh non… ! Mais mais mais, où est mon casque ?? ». Oups, il a dû rester à la maison… Comme quoi même les spéléos aguerris ne sont pas à l’abri d’oublis malencontreux… Heureusement il connaît le trou par cœur, ça passera avec un bon bonnet et la frontale de rechange… (cette partie aurait dû être censurée, mais ces anecdotes font partie du charme des sorties spéléos…).

Cette fois, il est presque midi, c’est parti pour la descente. Les kits sont légers, pratique les puits déjà équipés ! L’entrée du gouffre n’est pas très large, et encore elle a été beaucoup agrandie par rapport à l’entrée originelle. Nous descendons ainsi quelques ressauts étroits puis deux puits (dont l’un où nous changeons la corde qui s’était un peu abîmée) avant d’arriver au boyau des gabions. Là, Charles nous explique les travaux de désobstruction effectués par les FJS : trois ans pour ouvrir le passage, avant de tomber sur une suite de puits qui permettront le passage jusqu’au collecteur de la Fromagère à -524 mètres. Des travaux d’agrandissement seront effectués par la suite pour faciliter le passage mais plus d’obstacle majeur ne s’est alors dressé devant les spéléos explorateurs. Charles a le sourire jusqu’aux oreilles et les yeux qui brillent quand il raconte cette exploration, sa passion fait plaisir à voir et est contagieuse.

Bien qu’agrandi, le boyau des gabions reste étroit et tortueux. On rampe et se contorsionne. Les petits gabarits sont avantagés (grand sourire). On débouche ensuite sur d’autres puits, on se fait un peu mouiller, les eaux de la fonte des neiges s’écoulent en effet à nos côtés, ou en-dessous, ou sur nous… C’est plutôt propre grâce à ce ruissellement et l’érosion a dessiné de belles formes. On arrive à un autre boyau, avec au milieu un passage bien arrosé où il sera difficile de ne pas mettre un ou deux pieds dans l’eau et la boue. Puis c’est le puits de la toccata, très joli et lui aussi arrosé.

On arrive ensuite au méandre France-Islande vers -150 m. Plus long que les deux boyaux précédents, il est là encore très étroit. Patrice fait demi-tour à cet endroit, Charles et Florian se préparent à percer les trous pour mettre les pailles et ainsi agrandir certains endroits trop pénibles, et Bertrand et moi continuons. Nous convenons avec Charles d’aller jusqu’au début des 200 mètres de puits finaux permettant de déboucher dans le collecteur. Même si ce nom, collecteur, fait battre mon cœur plus vite, ce ne sera pas pour cette fois, il faut rester raisonnable et y aller progressivement. Ce n’est pas le tout de descendre, il faut remonter ensuite…

On continue donc le méandre, puis nous arrivons par un P37 à un plan incliné. L’eau est bien présente, et la boue aussi ainsi que du mondmilch (instant culture spéléo : Le terme mondmilch désigne un spéléothème à forte teneur en eau. Cependant la composition des mondmilchs est variée : calcite, aragonite, hydromagnésite, mais aussi des minéraux non carbonatés tels que des phosphates, des sulfates et des silicates. Pressé dans une main, il donne un liquide blanchâtre, d’où son nom lait de lune »). En bas de ce plan incliné, on arrive perpendiculairement à un méandre. On le suit vers la droite et nous arrivons en tête des puits finaux. On jette un coup d’oeil, ça a effectivement l’air profond, et il y a de l’écho. Fin de la descente, on est à -225m, début de la remontée.

On rejoint Charles et Florian qui sont toujours en train de percer, puis nous continuons la remontée. Certains passages seront un peu délicats mais globalement ça passe bien, notamment grâce au travail des FJS qui ont bien équipé certains endroits de U métalliques pour faciliter le passage. La montée ne me donne pas chaud, il faut dire que je commence à être bien trempée… Encore quelques efforts et c’est la sortie. Il doit être 17h15 environ, il fait encore jour. On est tout trempé.es et boueu.ses. On enfile les quelques vêtements secs prévus pour le change, pas assez (même les sous-vêtements sont trempés), je tremble et claque des dents (et dire qu’on pourrait faire ce genre de trou en été et sortir par 25 degrés sous le soleil…), on ne traîne pas, et commençons la descente tandis que Patrice reste pour attendre Florian et Charles. On arrive à la voiture juste avant la nuit et les trois FJS nous rejoignent une petite demi-heure ensuite.

La douche chaude et enfiler des vêtements secs à la maison sera un vrai bonheur comme le copieux repas de pâtes au fromage. Ensuite, direction le lit pour rêver de puits mouillés, de boyaux et de collecteurs !

Emilie

Une vidéo des FJS de juin 2018 :

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