Jean-luc LEBLANC, dit EMILIO

Tous les spéléos de la Drôme et de la fédération le connaissaient sous le surnom d’Emilio. Il était passionné de spéléo et passionnant.
Son parcours spéléos débute avant son arrivé dans la Drôme. En 2002 il est inscrit au club de Romans, le Dahut ou il y restera inscrit jusqu’à 2007. Dès le début, il s’engage fortement dans la vie du club et du comité départementale
de spéléo. En 2005 il est grand électeur pour son club.
De 2002 à 2014, il participe régulièrement aux camps d’exploration organisé par le CDS07 sur les Hauts Plateaux du Vercors. A cette occasion, au cours d’une prospection le 10 août 2008, Emilio remarque dans un éboulis la présence d’un courant d’air. Après une rapide désobstruction manuelle, une verticale d’au moins 30 mètres se laisse entrevoir. Ce sera la naissance du ZAKAPOUET. Emilio participera aux premières explorations qui permettront ensuite d’atteindre rapidement la côte -655 mètres.
De 2008 à 2012, il est au club des GECKOS à Saint-Jean en
Royans. Au ZAKAPOUET avec les ardéchois
Dès 2009, il passe son diplôme d’initiateur. Dès lors, il encadrera de nombreux stages fédéraux. Il s’implique
immédiatement dans l’école départemental de spéléo qui propose aux jeunes mineurs d’apprendre la spéléologie.
Elu au Comité directeur du CDS en 2010, il Co-dirige de la commission Formation et il est le correspondant de
l’Ecole Française de Spéléo. Il est en 2012, élu vice-président du CDS jusqu’en 2016. A partir de cette date,
il sera vérificateur aux comptes jusqu’à ce jour. Depuis 2013, il était adhérant au club des Taupes
Grotteuses.
Son parcours et son engagement est donc constant, efficace. Mais son palmarès ne doit pas cacher un
homme de cœur passionné.


Retrouvons ensemble un récit d’exploration de Gilles Palué qui le croise sous terre en 2002.


« Je rencontre Émilio pour la première fois le 22 août 2002, lors du festival Spéléovision de La Chapelle-en-Vercors.
Je ne le connais pas, il a déjà fait un peu de spéléo, c’est une nouvelle recrue du Dahut. Nous sommes inscrits pour
faire ensemble la traversée Saints de Glace → Trou Qui Souffle, équipée pour l’occasion, et que nous n’avons jamais
fait ni l’un ni l’autre. Une équipe plus nombreuse (dont Daniel et sa fille Amandine) fait la même traversée en sens
inverse. Nous devons nous croiser à la Conciergerie, à laquelle nous arrivons rapidement en quelques heures.
Nous allons geler là un temps infini, à discuter de motos (il habitait alors vers Génissieux). Finalement l’autre
équipe arrive avec beaucoup de retard car un spéléo du groupe est rincé. Daniel nous dit que c’est très long et qu’il
vaudrait mieux remonter par les Saints de Glace. Mais nous décidons de continuer. Effectivement, le méandre
François n’en finit plus, nous commençons à fatiguer, la suite est labyrinthique et nous n’avons pas emmené de
topographie. Au stand du festival, le spéléo barbu qui prenait les inscriptions, Serge Caillault, nous avait dit que
c’était très simple, il suffit de suivre le courant d’air ! Mais surtout, nous n’avons pas pris assez à manger, nous
n’avons pas de lampe électrique sur nos casques, et nous n’avons plus de carbure… Les dernières heures se feront
sans pinailler, et pour tout dire avec une certaine inquiétude. Nous sortirons finalement à 22h (!), à la lueur d’une
flamme ne mesurant que quelques millimètres… une flamme pour deux. Nous garderons tous les deux le souvenir
de cette aventure, mais aussi la fierté d’avoir réalisé notre première « grande sortie ». A chaque fois que j’ai croisé
Émilio au fil des années qui ont suivi, il me disait toujours : « Tu te rappelles notre sortie ensemble ? », avec son beau
sourire en coin que tout le monde appréciait tant.
Oui, Émilio, je me rappelle, et je me souviendrai aussi de ton sourire…
»

Son sourire, justement, tous les jeunes de l’école départementale s’en souviennent. Vers 2009, le Comité
veut créer une école départementale de spéléo. C’est un beau projet mais les moyens manquent. Nous avons
besoin d’organiser les transports des jeunes, veiller à leurs formations et à leurs sécurités. Avec son diplôme
d’initiateur en poche, Emilio se propose. Il avait un contact extraordinaire avec les jeunes qui l’adoraient. C’était un
bénévole discret mais terriblement efficace a un moment ou l’engagement des bénévoles était indispensable pour
le succès de cette jeune école. J’ai eu le plaisir d’être souvent à ses côtés lors de ces sorties. Toujours souriant,
toujours à l’écoute des jeunes.


Écoutons ce que nous rapporte une maman qui a le souvenir de lui pendant les weekends au cœur du
Vercors.


« Mathis vient de m’informer du décès de Emilio, je suis de tout cœur avec vous et il reste dans mon souvenir ce petit
homme souriant joyeux qui assaisonne les pâtes comme personne. Le souvenir le plus fort c’est le jour où il m’a
raconté le premier décrochage de Mathis, alors âgé de 12 ans, avec la joie et la passion dans les yeux. Voilà il va
rejoindre des gens que l’on aime et que l’on embrasse
».


Notre ami Emilio connaissait donc toute la communauté dromoise de spéléologie. Chacun d’entre nous
est bouleversé par la disparition de ce personnage si attachant.


Laissons Thomas DOBELMAN s’exprimer sur son départ :


« Emilio, tu savais prendre le temps de la discussion avec tes amis. Quelles que soient les circonstances tu
me surprenais avec ton regard malicieux et tes remarques toutes aussi pertinentes que désarmantes.
Tu avais l’humour placide et l’observation bien placée.
Tu étais présent et toujours prêt à donner la main en toute occasion : de la cuisine à la mécanique, de
l’accompagnement des jeunes à la bringue entre amis.
A l’aide de Daniel (Vulin), tu avais entrepris de surmonter une partie de tes problèmes personnels, de ton
addiction. Tu parvenais à nous en parler un peu et tu tirais une grande fierté de tes victoires sur cette maladie.
Tu savais trouver la force de repousser la tentation : jamais dans ton investissement auprès des jeunes spéléos
que tu as formés, ce côté sombre n’est venu ternir l’image resplendissante de l’éducateur que tu étais.
Emilio, tu es parti et tu nous manques terriblement. Je n’oublierai jamais ta poignée de main et ton
regard sereins. Tes paroles amicales et ton engagement sans retenue.
»


Tout au long de ces années, Emilio a participé à l’encadrement des stages départementaux ou nationaux. Il
a formé bon nombre de spéléo. Ecoutons Sylvain Bourgoin notre trésorier qui se souvient de lui.


« Je suis effondré d’apprendre cette triste nouvelle. J’adorais la personne qu’était Emilio, sa profonde gentillesse,
son humour bienveillant et sa disponibilité spontanée dès qu’il s’agissait de rendre service.
Je n’oublierai jamais qu’il a été un de mes premiers formateurs lors de mes stages « équipement spéléo » du CDS,
et toutes les sorties ou autres activités liées à la spéléo qu’on a pu faire ensemble. Je ne pourrai pas me rendre à la
cérémonie car je suis retenu à Lyon en ce moment, et j’aurais bien partagé ma peine avec d’autres camarades
spéléo. Emilio me manquera… comme à d’autres, c’est certain
»


Enfin, dès ses débuts spéléo, il s’engage dans le secours spéléo pour porter assistance. Les stages de
formations sont réguliers, les secours éprouvants.

Sébastien Molitor Conseiller technique auprès du préfet, et un de ses amis, réagit ainsi :


« L’annonce du décès d’Emilio est vraiment un séisme dans notre petit monde de la spéléo. Un homme foncièrement
gentil, disponible et joyeux. Il nous manquera. J’aimerai que le spéléo secours français se joigne au Comité pour lui
rendre hommag
e »


Oui, Emilio représentait tout ce qu’un Spéléo peut espérer. L’entr’aide, la solidarité, la générosité, la
passion, le partage. Tu laisseras dans nos mémoires ta passion dévorante de la spéléo, ton sourire malicieux, et
dans tes yeux ce petit Bonheur communicatif.
Au revoir Emilio.


GARNIER Olivier
Président du comité départemental de spéléo de la Drôme


Emilio,

Un grand vide vient de se créer dans notre communauté spéléo, toujours souriant, toujours partant,
disponible, engagé, bienveillant et agréable à vivre en toute circonstance.
De l’EDS (école départementale de spéléo), au SSF(spéléo secours français), en passant par les
différents camps, la première du Zakapouète, des virés en moto, des repas à refaire le monde, tout
ces moments partagés resteront en moi.
Tu es parti, à cela, on ne peut rien changé, mais une parti de toi reste avec nous, tu étais là présent,
debout et tu le resteras.
Tu as apporté tant de choses au jeunes de l’EDS, et nous savons tous les deux, que cette école à
laquelle tu tenais, t’as apporté beaucoup également. Toutes ces graines que tu as semé, vont germer
au sein des jeunes et un petit bout de toi sera en eux.
Faire l’unanimité autour de sois, sans perdre ses convictions, est un don que peu ont, ce don tu
l’avais, ce n’est pas rien…
Où que tu sois, quoi qui se passe, je te souhaite un renouveau des plus beaux, l’agnosticisme a du
bon….. il laisse une porte ouverte, les sphères supraterrestre ne regardent pas le genre humain.

Au revoir grand petit homme.

Sébastien MOLITOR, ami, Conseiller technique départemental en spéléologie de la Drôme.

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