La légende du Trou de l’Aigle À ma barre à mine…
Le Montélimar-Archéo-Spéléo-Club, à l’époque, était déjà dirigé d’une poigne de fer par une junte d’inspiration sud-américaine menée par El Presidente, notre illustre Président Jean-Jacques Audouard dont personne n’osait contester le pouvoir, flanqué de son fourbe et fidèle lieutenant, le terrible (Lou) Teissoun. Son Excellence le Commodore Audouard, un ex-mercenaire au passé lourd et tumultueux, était un homme impitoyable mais charismatique qui, au tout début de la création du MASC, avait été formé par Le Raïs, Son Altesse Éminentissime le Grand Maître Serge Aviotte, alors guide suprême de la spéléologie moderne, figure mythique semi-divinisée et vénérée du Groenland à Madagascar… Tel le policier des Village People, avec ses moustaches et sa casquette, notre glorieux Président exerçait un pouvoir de fascination sur les mamées du quartier qui frémissaient à l’idée de le voir sortir en uniforme de sa 4L jaune des PTT (sa réputation nous avait d’ailleurs inspiré la chanson « Gare à Jean-Jacques » qui commençait ainsi : « C’est au volant de sa 4L que les commères du canton contemplaient un puissant facteur etc. »). Lou Teissoun, l’homme de l’ombre du régime, Patrick Morand de son vrai nom, était un être de petite taille, rusé et inquiétant au regard noir perçant et malicieux, coiffé d’un capeù qu’il ne quittait jamais, même au lit à ce qui se disait… À l’affut comme une panthère tapie dans l’ombre, il avait d’ailleurs fomenté un coup d’état et avait renversé le despote pour s’emparer de la présidence du MASC. Sans doute peu sûr de lui, il était resté toutefois clément avec le vaincu qu’il conserva comme proche conseiller. Bien lui en fut car, après un an d’errance morandienne du club, El Presidente reprit les rênes du pouvoir et ce de façon définitive en se faisant nommer président à vie (il fut ainsi appelé El Presidente). D’un grand geste magnanime, il pardonna au Teissoun sa perfidie et le réhabilita au point qu’il reprit même sa fonction de porte flingue du régime audouardien. Le lieutenant Morand faisant alors régner la discipline dans le club, en particulier au niveau du rangement du matériel qui, avant de rejoindre les râteliers du local (c’est-à-dire des mois voire des années après), devait toujours transiter par une longue quarantaine dans le coffre de sa voiture selon une stratification, d’aspect bordélique mais en réalité bien ordonnée, où se mêlaient mousquetons, ossements et appareils photos (appareils qu’il « s’était » offert à son épouse qui ne faisait pas de photos). Pour l’anecdote, le véhicule était initialement une Peugeot 309 dans laquelle on pénétrait à grand peine et dont la bande de roulement des pneus, normalement « tubeless », ne tenait plus aux deux flancs latéraux que par les fils de fer de l’armature qui à la longue perçaient la chambre à air. Pour ceux qui n’auraient pas compris, une chambre à air avait été judicieusement ajoutée pour assurer l’étanchéité des « tubeless », malin… Fermons la parenthèse. Indépendamment de la vie de l’association, Lou Teissoun tenta également une expérience politique en se lançant dans la course aux municipales de Malataverne. Malgré l’admiration que lui portaient les Malatavernois, il ne parvint pas à ses fins car il commit une erreur stratégique en ne misant pas sur le bon cheval… L’idée d’un aéroport à Malataverne conduite par Gaston le chef de liste ne convainquit pas les électeurs… (Une chanson que nous avions écrite relatait d’ailleurs cette épopée, elle s’intitulait « Les portes de la municipalité », elle commençait ainsi : « Les portes de la municipalité bientôt vont se fermer et toi Patrick tu n’y es pas entré etc. »). Il est à noter que, quelques années après, un autre coup d’éclat politique fût brisé dans l’œuf : El Presidente et Lou Teissoun fondèrent ensemble leur propre parti, le PPSK (Parti des Porteurs de Slip Kangourou), et tentèrent de s’imposer sur la place publique de Montélimar par une campagne éclair sur les Allées provençales qui impressionna les foules mais qui fût malheureusement violemment réprimée par les autorités locales… Ils renoncèrent alors définitivement à tout autre tentative électorale extramasquienne et se consacrèrent pleinement à leur mission première. Tous deux étaient les piliers (enfin ce qu’il en restait) des heures de gloire du MASC. Ils voyaient en nous, Olivier R.et moi-même, deux jeunes minots sympathiques qu’ils avaient formés (oui, ils comprenaient qu’il fallait du sang neuf) mais qu’il fallait néanmoins calmer car potentiellement perturbateurs de ce régime porté sur l’adulation de leur personnalité dont la suprématie ne pouvait être remise en cause… Malgré la face sombre du personnage dissimulée sous le chapeau, le ténébreux Teissoun revêtait également un côté lumineux, celui de l’explorateur à l’optimisme inébranlable. Il poursuivait son Graal ou plutôt ses Graals, qui allaient d’une Lascaux à Malataverne à l’épave de Saint Exupéry à Saint-Remèze, mais le Graal, le Vrai, était le grand collecteur de Navon… Si pour vous, Navon, la « Montagne » comme l’appelaient les Malatavernois, est une petite colline comme une autre, un jardin à grisets pour les ramasseurs de champignons ou bien encore pour d’autres le Beverly Hills de Malataverne, Navon était pour Patrick tout autre chose : Un immense collecteur d’eau… Ça relevait bien évidemment du mythe, mais il tenait ça de légendes qu’il avait glanées de ci de là dans le milieu rural où il était particulièrement influant. En effet, il avait assujetti les indigènes locaux en les rendant dépendant des produits phytosanitaires aux pouvoirs soi-disant extraordinaires et même magiques qu’il leur vendait. À chacune de ses visites, où il était attendu comme le Messie, il inondait ces braves gens de colifichets de la Sicagri (calendrier, porte-clefs, adhésifs, babioles que les gens éduqués appellent aujourd’hui intelligemment « goodies ») en échange desquels il extorquait aux pauvres paysans tous les secrets bien gardés de sources, cavités et autres résurgences qui seraient des portes d’entrées à ses rêves les plus fous… Patrick avait créé tout un réseau d’informateurs extrêmement précieux au développement du club, il connaissait chaque caillou et son histoire, le moindre embryon de sentier lui était familier, il avait ses caches où il laissait ses « grattoirs » (une sorte de prothèse parfaitement intégrée à son anatomie qui lui prolongeait la main, un peu à l’image d’un aye-aye au majeur démesuré). Bref, il avait mis en place un service de renseignements généraux reposant sur un méticuleux maillage territorial dont il maîtrisait chaque arpent. À cela s’ajoutait également son implication dans la cellule d’action clandestine, toutefois reconnue au sein du MASC, « Faïtoutpéta » qu’il fonda et développa jusqu’à ce qu’il prenne conscience de la dangerosité de certains individus de ce groupuscule (notamment Le Bastidoule). Son réseau d’informations et sa capacité à agir faisait du Teissoun un élément redoutable qu’il valait mieux garder à son service et dont d’autres clubs nous enviaient… Le plus dur étant de le maîtriser car il aurait fait perdre patience à un dresseur de phacochères… Certains historiens prétendent que cet aspect expliquerait la mansuétude de El Presidente lors de sa reconquête du pouvoir après le coup d’état du Teissoun… Personnellement, je penche plus pour la grandeur d’âme de Son Excellence et je m’hasarderais même à penser à un coup de maître de son génie machiavélique qui aurait consisté à pousser Lou Teissoun au carton (juste pour une année de gouvernance déplorable) pour mieux le manipuler par la suite et assoir son pouvoir… Mais revenons-en aux faits. Patrick estimait que le Robinet, exploré déjà depuis des décennies, n’avait révélé que la partie émergée de l’iceberg et que l’essentiel restait à découvrir… Pour lui, Navon, ce dernier soubresaut occidental de l’arc alpin, devait abriter un gigantesque collecteur qui aurait déversé ses eaux souterrainement dans le lit du Rhône. Si l’origine helvétique des sources du Rhône au Mont Saint-Gothard était depuis des siècles communément admise par la communauté scientifique, notre Livingstone du Robinet ne désespérait pas pour autant d’atteindre un jour des cataractes secrètes et récrire la carte hydrologique du Rhône méridional… Patrick fut donc à l’origine de nombreuses tentatives exploratoires plus ou moins fructueuses… Infime soit-il, le plus petit signe de respiration d’un vers de terre dans son trou (si tant est qu’ils respirent) devenait un « courant d’air » qui lui ouvrait une nouvelle perspective d’exploration. Certaines aboutirent à de grandes découvertes (les Iboussières), d’autres, la plupart, se soldèrent après d’éprouvants efforts par de cuisantes déceptions, mais son moral ne fût jamais altéré. La moindre fissure, le moindre orifice dans la roche suffisait à renourrir ses espoirs d’une Pierre Saint Martin du Robinet… Jean-Jacques, gardien du dogme de l’Accomplissement des Anciens, voyait d’un œil contrarié cette ambition… Si la perspective d’une grande découverte le réjouissait, il devait néanmoins protéger le culte des Anciens qui étaient censés avoir déjà tout découvert ce qui était découvrable… Nota bene pour les membres récents du club qui veulent se réattaquer au trou de l’Aigle, que le terme Anciens possède un sens tout relatif… Ceux qui étaient pour nous les Anciens pourraient être pour vous aujourd’hui appelés…disons…euh…comment dire…les Âmes errantes…en paix espérons. Respect à eux. Face à l’objectivité de la situation, Jean-Jacques ne put qu’admettre la non-exploration de ce trou repéré par Patrick qui, après des heures d’observation aux jumelles et au téléobjectif, connaissait plus que quiconque le profil de l’entrée et sa situation sur la falaise. Ce trou accessible du haut par un rappel de près de quatre-vingts mètres aurait été de toute façon difficilement accessible et surtout dangereux pour les Anciens dotés d’un matériel archaïque constitué d’échelles de cordes qu’il aurait fallu rabouter le long d’une falaise à la qualité de roche médiocre… Avec ce raisonnement, l’honneur des Anciens était sauf, ils avaient laissé sciemment cette cavité pour la postérité et à la postérité étions arrivés… Aussi, Jean-Jacques donna sa bénédiction à la grande entreprise qui se concrétisa lors d’une belle journée printanière le … (je laisse à Patrick le soin de compléter, je crois me rappeler en avoir rédigé le récit à l’époque, si quelqu’un le retrouve…). Ce jour-là, trois individus pénétrèrent pour la première fois dans ce qui allait devenir le Trou de l’Aigle… Alors pourquoi le Trou de l’Aigle ? L’hypothèse la plus vraisemblable est la découverte dans la grotte du crâne d’un petit rapace (fait avéré car j’ai tenu ce crâne dans mes mains). Une autre hypothèse, du reste non contradictoire avec la première, ferait plutôt référence à la position de la cavité située en pleine paroi, abri naturel idéal pour la nidification d’un aigle. Certains affabulateurs évoquent une troisième hypothèse, que je juge peu probable et peu sérieuse, qui serait une allusion déplacée au profil (soi-disant) aquilin du nez d’un des trois explorateurs qui réalisa la première et qui rappellerait le crâne de rapace découvert…. Pour bien connaître la personne, on peut parler tout au plus d’un profil qui ne correspond pas forcément au petit nez retroussé des mannequins nordiques. L’objectivité m’oblige à citer cette hypothèse mais, encore une fois, elle manque clairement de fondement et préfère l’oublier. Passée l’euphorie de la découverte et des premières explorations (voir le compte-rendu si vous le retrouvez), très vite nous dûmes nous rendre à l’évidence que la Pierre Saint Martin du Robinet n’était pas pour demain… L’espoir n’était pas mort, il résidait dans le courant d’air qui émanait d’une trémie ascendante malheureusement obstruée pas des blocs. Il s’en suivi des séances de désobstruction toujours scandées par le même scénario, c’est à dire « gansaillage » des blocs à l’aide d’une perche que l’on tentait tant bien que mal de rallonger et « escampage » immédiat au moindre bruit qui, à chaque fois, nous faisait croire que nous allions être débordés par une avalanche de pierres que la salle n’aurait pu contenir. À chaque tentative nous n’accouchions que d’une souris et la désobstruction s’éternisa… Dès que nous avions un moment, on s’attelait au chantier. Un beau jour nous, en ressortant de la cavité nous fûmes témoins d’un étrange évènement : Dans la nuit, un puis deux trains aux fenêtres éclairées étaient immobilisés au pied de la falaise. De prime abord plutôt féérique, la scène nous parut rapidement douteuse lorsque nous vîmes approcher une lueur bleue tournoyante qui venait de Donzère. Bien que nous n’ayons rien à nous reprocher, je suggérai alors à mes deux collègues d’éteindre la petite flamme de leur casque, Olivier étant déjà engagé un peu plus haut sur la corde. Le véhicule à la lumière bleue s’était arrêté au niveau du train et des rumeurs d’agitation s’élevaient crescendo autour de la voie… Les minutes passèrent lorsque de petits « tic-tictic » sur nos casques nous firent comprendre que la pluie commençait à tomber… Bon… Olivier, qui n’envisageait pas de passer la nuit sous la pluie pendu à la falaise comme une (future) saucisse bavaroise, actionna le piézo de son casque. La petite flamme réapparut et, évidemment, ce qui devait se produire arriva… À la manière d’une Liza Minnelli descendant les marches, il fut illuminé d’un splendide halo de projecteur, il ne manquait que les plumes et l’évocation de New York pour magnifier le tableau, à la différence notable que les clameurs provenant des spectateurs ne semblaient pas être véritablement des bravos… « Mais qu’est-ce que vous faites ici !? Descendez immédiatement ! » hurlèrent les individus à la lumière bleue. Non par plaisir de provoquer, même si j’avoue que ça s’y ajoutait subrepticement, je répondis poliment : « non on remonte ! » En effet, nous ne pouvions descendre car la corde s’arrêtait à l’entrée du trou située à une bonne vingtaine de mètres du pied de la paroi. Tout en remontant, je me disais en moi-même que, de nuit, au milieu de la garrigue du plateau que nous connaissions comme notre poche, ils ne nous auraient pas trouvés… En haut de la falaise, nous ne vîmes personne, la nuit était sereine, nous pûmes déséquipés tranquillement la corde et les amarrages sans être perturbés. Mais nous n’étions pas encore sortis d’affaire, il y avait encore un indice, et de taille, qui était bien en évidence sur le parking : l’automobile. Une voiture de société deux places et dans laquelle, soit dit en passant, nous étions venus à trois. Je précise pour les jeunes générations bercées par la mouvance sécuritaire que c’était normal pour nous, comme de voyager dans la tombe roulante de Patrick, la ceinture de sécurité pendant à l’extérieur, avec une bouteille de Côtes du Rhône entamée que l’on coinçait entre le siège et le frein à main de façon à l’avoir commodément à portée de main tout en roulant sur la route sinueuse des Gorges de la Vis (nul n’est assez prudent) … Bref, arrivés à la voiture deux ou trois pandores nous attendaient avec leurs torches. Au demeurant plutôt sympathiques, ils nous expliquèrent que le trafic ferroviaire était interrompu à cause d’une chute de pierres que l’on aurait provoquée… « Aaah c’est pas nous ! » fusa spontanément de nos bouches, les jambes droites dans nos bottes tout en argumentant que l’ouverture de la grotte dans la falaise correspondait à la tête d’un puits intérieur et que les pierres ne pouvaient donc pas en sortir, en considérant bien sûr que le problème était forcément antérieur à notre remontée et non issu de cette dernière… Mais comment se dédouaner vis-à-vis d’une situation qui parait d’une telle évidence vue de l’extérieur ? J’éprouvai le même embarras que je ressentais lorsque je passais en train près de l’usine de cellulose entre Arles et Tarascon. En particulier lorsque je me trouvais seul dans le compartiment en compagnie d’une jolie femme qui n’était pas du coin. Aux premières fragrances d’œuf couvé si caractéristique du lieu, un regard accusateur vous dévisage comme si vous étiez à l’origine du forfait… Vous ne pouvez pas même pas renvoyer l’accusation par une mimique car la personne devant vous, qui ignore la présence de l’usine, sait pertinemment que ce n’est pas elle la coupable, c’est donc forcément vous alors que vous n’y êtes pour rien ! Que faire, que dire !? Avec l’expérience je compris que la meilleure technique était de dégainer le premier ! Mais revenons au plateau du Robinet. Face à nos explications les gendarmes nous répondirent qu’ils étaient prêts à nous croire mais qu’il faudrait surtout convaincre la SNCF et nous donnèrent rendez-vous dès le lendemain à la brigade de Donzère… « Aaah les alpinistes » s’exclama le brigadier-chef avec le sourire de l’adjudant Gerber à notre arrivée dans son bureau le samedi matin. Courtois et plutôt amusé, il nous exposa qu’il n’y avait rien à l’encontre de nos activités alpinistico-spéléologiques dans les falaises du Robinet mais que la section de la SNCF de Marseille, dont dépendait la sécurité de ce tronçon de voie, avait porté plainte pour dégradation et interruption du trafic et qu’une enquête allait être diligentée dès le lundi… Bien qu’affichant l’assurance de circonstance du « craint degun », nous repartîmes en nous caguant un peu dessus je dois avouer… En imaginant le nombre de passagers qui allaient demander des remboursements, le montant du préjudice me parut vertigineux pour nos petites épaules… Lundi arriva et l’enquête eu lieu en présence de notre vénérable et aimé Président qui n’aurait jamais abandonné ses héros qui s’étaient si hardiment distingués. Il prit toutefois la précaution d’écarter tout risque d’intervention intempestive de la part de son lieutenant qui se serait avérée contreproductive pour ne pas dire désastreuse, car l’incontrôlable Teissoun, si efficace dans le renseignement et les tractations obscures, était une bombe à retardement en termes de négociations officielles et délicates avec les autorités… Ce jour-là, Son Excellence le Commodore Audouard nous éblouit d’une leçon de diplomatie qui pour moi restera gravée dans le marbre. Non seulement il réussit à prouver que le sectionnement des fils de détection (qui signalent les chutes de pierres) ne se situaient pas à l’aplomb du grand pilier où nous évoluions(mais ça à la limite ce sont les faits qui ont parlé), mais surtout, surtout (je le répète mais c’est exprès), il réussit à convaincre le responsable de la sécurité de la SNCF qu’il était bénéfique pour la sécurité de la voie que nous continuions nos activités exploratoires dans les falaises… ! Nous fûmes donc officiellement encouragés à recommencer… Énormissime !!! Tout ça pour dire que je récupèrerais volontiers ma barre à mine qui doit encore gésir au pied de la trémie…
Hervé G.
HUMOUR – LA LEGENDE DU TROU DE L’AIGLE par Hervé G.
La légende du Trou de l’Aigle À ma barre à mine…
Le Montélimar-Archéo-Spéléo-Club, à l’époque, était déjà dirigé d’une poigne de fer par une junte d’inspiration sud-américaine menée par El Presidente, notre illustre Président Jean-Jacques Audouard dont personne n’osait contester le pouvoir, flanqué de son fourbe et fidèle lieutenant, le terrible (Lou) Teissoun. Son Excellence le Commodore Audouard, un ex-mercenaire au passé lourd et tumultueux, était un homme impitoyable mais charismatique qui, au tout début de la création du MASC, avait été formé par Le Raïs, Son Altesse Éminentissime le Grand Maître Serge Aviotte, alors guide suprême de la spéléologie moderne, figure mythique semi-divinisée et vénérée du Groenland à Madagascar… Tel le policier des Village People, avec ses moustaches et sa casquette, notre glorieux Président exerçait un pouvoir de fascination sur les mamées du quartier qui frémissaient à l’idée de le voir sortir en uniforme de sa 4L jaune des PTT (sa réputation nous avait d’ailleurs inspiré la chanson « Gare à Jean-Jacques » qui commençait ainsi : « C’est au volant de sa 4L que les commères du canton contemplaient un puissant facteur etc. »). Lou Teissoun, l’homme de l’ombre du régime, Patrick Morand de son vrai nom, était un être de petite taille, rusé et inquiétant au regard noir perçant et malicieux, coiffé d’un capeù qu’il ne quittait jamais, même au lit à ce qui se disait… À l’affut comme une panthère tapie dans l’ombre, il avait d’ailleurs fomenté un coup d’état et avait renversé le despote pour s’emparer de la présidence du MASC. Sans doute peu sûr de lui, il était resté toutefois clément avec le vaincu qu’il conserva comme proche conseiller. Bien lui en fut car, après un an d’errance morandienne du club, El Presidente reprit les rênes du pouvoir et ce de façon définitive en se faisant nommer président à vie (il fut ainsi appelé El Presidente). D’un grand geste magnanime, il pardonna au Teissoun sa perfidie et le réhabilita au point qu’il reprit même sa fonction de porte flingue du régime audouardien. Le lieutenant Morand faisant alors régner la discipline dans le club, en particulier au niveau du rangement du matériel qui, avant de rejoindre les râteliers du local (c’est-à-dire des mois voire des années après), devait toujours transiter par une longue quarantaine dans le coffre de sa voiture selon une stratification, d’aspect bordélique mais en réalité bien ordonnée, où se mêlaient mousquetons, ossements et appareils photos (appareils qu’il « s’était » offert à son épouse qui ne faisait pas de photos). Pour l’anecdote, le véhicule était initialement une Peugeot 309 dans laquelle on pénétrait à grand peine et dont la bande de roulement des pneus, normalement « tubeless », ne tenait plus aux deux flancs latéraux que par les fils de fer de l’armature qui à la longue perçaient la chambre à air. Pour ceux qui n’auraient pas compris, une chambre à air avait été judicieusement ajoutée pour assurer l’étanchéité des « tubeless », malin… Fermons la parenthèse. Indépendamment de la vie de l’association, Lou Teissoun tenta également une expérience politique en se lançant dans la course aux municipales de Malataverne. Malgré l’admiration que lui portaient les Malatavernois, il ne parvint pas à ses fins car il commit une erreur stratégique en ne misant pas sur le bon cheval… L’idée d’un aéroport à Malataverne conduite par Gaston le chef de liste ne convainquit pas les électeurs… (Une chanson que nous avions écrite relatait d’ailleurs cette épopée, elle s’intitulait « Les portes de la municipalité », elle commençait ainsi : « Les portes de la municipalité bientôt vont se fermer et toi Patrick tu n’y es pas entré etc. »). Il est à noter que, quelques années après, un autre coup d’éclat politique fût brisé dans l’œuf : El Presidente et Lou Teissoun fondèrent ensemble leur propre parti, le PPSK (Parti des Porteurs de Slip Kangourou), et tentèrent de s’imposer sur la place publique de Montélimar par une campagne éclair sur les Allées provençales qui impressionna les foules mais qui fût malheureusement violemment réprimée par les autorités locales… Ils renoncèrent alors définitivement à tout autre tentative électorale extramasquienne et se consacrèrent pleinement à leur mission première. Tous deux étaient les piliers (enfin ce qu’il en restait) des heures de gloire du MASC. Ils voyaient en nous, Olivier R.et moi-même, deux jeunes minots sympathiques qu’ils avaient formés (oui, ils comprenaient qu’il fallait du sang neuf) mais qu’il fallait néanmoins calmer car potentiellement perturbateurs de ce régime porté sur l’adulation de leur personnalité dont la suprématie ne pouvait être remise en cause… Malgré la face sombre du personnage dissimulée sous le chapeau, le ténébreux Teissoun revêtait également un côté lumineux, celui de l’explorateur à l’optimisme inébranlable. Il poursuivait son Graal ou plutôt ses Graals, qui allaient d’une Lascaux à Malataverne à l’épave de Saint Exupéry à Saint-Remèze, mais le Graal, le Vrai, était le grand collecteur de Navon… Si pour vous, Navon, la « Montagne » comme l’appelaient les Malatavernois, est une petite colline comme une autre, un jardin à grisets pour les ramasseurs de champignons ou bien encore pour d’autres le Beverly Hills de Malataverne, Navon était pour Patrick tout autre chose : Un immense collecteur d’eau… Ça relevait bien évidemment du mythe, mais il tenait ça de légendes qu’il avait glanées de ci de là dans le milieu rural où il était particulièrement influant. En effet, il avait assujetti les indigènes locaux en les rendant dépendant des produits phytosanitaires aux pouvoirs soi-disant extraordinaires et même magiques qu’il leur vendait. À chacune de ses visites, où il était attendu comme le Messie, il inondait ces braves gens de colifichets de la Sicagri (calendrier, porte-clefs, adhésifs, babioles que les gens éduqués appellent aujourd’hui intelligemment « goodies ») en échange desquels il extorquait aux pauvres paysans tous les secrets bien gardés de sources, cavités et autres résurgences qui seraient des portes d’entrées à ses rêves les plus fous… Patrick avait créé tout un réseau d’informateurs extrêmement précieux au développement du club, il connaissait chaque caillou et son histoire, le moindre embryon de sentier lui était familier, il avait ses caches où il laissait ses « grattoirs » (une sorte de prothèse parfaitement intégrée à son anatomie qui lui prolongeait la main, un peu à l’image d’un aye-aye au majeur démesuré). Bref, il avait mis en place un service de renseignements généraux reposant sur un méticuleux maillage territorial dont il maîtrisait chaque arpent. À cela s’ajoutait également son implication dans la cellule d’action clandestine, toutefois reconnue au sein du MASC, « Faïtoutpéta » qu’il fonda et développa jusqu’à ce qu’il prenne conscience de la dangerosité de certains individus de ce groupuscule (notamment Le Bastidoule). Son réseau d’informations et sa capacité à agir faisait du Teissoun un élément redoutable qu’il valait mieux garder à son service et dont d’autres clubs nous enviaient… Le plus dur étant de le maîtriser car il aurait fait perdre patience à un dresseur de phacochères… Certains historiens prétendent que cet aspect expliquerait la mansuétude de El Presidente lors de sa reconquête du pouvoir après le coup d’état du Teissoun… Personnellement, je penche plus pour la grandeur d’âme de Son Excellence et je m’hasarderais même à penser à un coup de maître de son génie machiavélique qui aurait consisté à pousser Lou Teissoun au carton (juste pour une année de gouvernance déplorable) pour mieux le manipuler par la suite et assoir son pouvoir… Mais revenons-en aux faits. Patrick estimait que le Robinet, exploré déjà depuis des décennies, n’avait révélé que la partie émergée de l’iceberg et que l’essentiel restait à découvrir… Pour lui, Navon, ce dernier soubresaut occidental de l’arc alpin, devait abriter un gigantesque collecteur qui aurait déversé ses eaux souterrainement dans le lit du Rhône. Si l’origine helvétique des sources du Rhône au Mont Saint-Gothard était depuis des siècles communément admise par la communauté scientifique, notre Livingstone du Robinet ne désespérait pas pour autant d’atteindre un jour des cataractes secrètes et récrire la carte hydrologique du Rhône méridional… Patrick fut donc à l’origine de nombreuses tentatives exploratoires plus ou moins fructueuses… Infime soit-il, le plus petit signe de respiration d’un vers de terre dans son trou (si tant est qu’ils respirent) devenait un « courant d’air » qui lui ouvrait une nouvelle perspective d’exploration. Certaines aboutirent à de grandes découvertes (les Iboussières), d’autres, la plupart, se soldèrent après d’éprouvants efforts par de cuisantes déceptions, mais son moral ne fût jamais altéré. La moindre fissure, le moindre orifice dans la roche suffisait à renourrir ses espoirs d’une Pierre Saint Martin du Robinet… Jean-Jacques, gardien du dogme de l’Accomplissement des Anciens, voyait d’un œil contrarié cette ambition… Si la perspective d’une grande découverte le réjouissait, il devait néanmoins protéger le culte des Anciens qui étaient censés avoir déjà tout découvert ce qui était découvrable… Nota bene pour les membres récents du club qui veulent se réattaquer au trou de l’Aigle, que le terme Anciens possède un sens tout relatif… Ceux qui étaient pour nous les Anciens pourraient être pour vous aujourd’hui appelés…disons…euh…comment dire…les Âmes errantes…en paix espérons. Respect à eux. Face à l’objectivité de la situation, Jean-Jacques ne put qu’admettre la non-exploration de ce trou repéré par Patrick qui, après des heures d’observation aux jumelles et au téléobjectif, connaissait plus que quiconque le profil de l’entrée et sa situation sur la falaise. Ce trou accessible du haut par un rappel de près de quatre-vingts mètres aurait été de toute façon difficilement accessible et surtout dangereux pour les Anciens dotés d’un matériel archaïque constitué d’échelles de cordes qu’il aurait fallu rabouter le long d’une falaise à la qualité de roche médiocre… Avec ce raisonnement, l’honneur des Anciens était sauf, ils avaient laissé sciemment cette cavité pour la postérité et à la postérité étions arrivés… Aussi, Jean-Jacques donna sa bénédiction à la grande entreprise qui se concrétisa lors d’une belle journée printanière le … (je laisse à Patrick le soin de compléter, je crois me rappeler en avoir rédigé le récit à l’époque, si quelqu’un le retrouve…). Ce jour-là, trois individus pénétrèrent pour la première fois dans ce qui allait devenir le Trou de l’Aigle… Alors pourquoi le Trou de l’Aigle ? L’hypothèse la plus vraisemblable est la découverte dans la grotte du crâne d’un petit rapace (fait avéré car j’ai tenu ce crâne dans mes mains). Une autre hypothèse, du reste non contradictoire avec la première, ferait plutôt référence à la position de la cavité située en pleine paroi, abri naturel idéal pour la nidification d’un aigle. Certains affabulateurs évoquent une troisième hypothèse, que je juge peu probable et peu sérieuse, qui serait une allusion déplacée au profil (soi-disant) aquilin du nez d’un des trois explorateurs qui réalisa la première et qui rappellerait le crâne de rapace découvert…. Pour bien connaître la personne, on peut parler tout au plus d’un profil qui ne correspond pas forcément au petit nez retroussé des mannequins nordiques. L’objectivité m’oblige à citer cette hypothèse mais, encore une fois, elle manque clairement de fondement et préfère l’oublier. Passée l’euphorie de la découverte et des premières explorations (voir le compte-rendu si vous le retrouvez), très vite nous dûmes nous rendre à l’évidence que la Pierre Saint Martin du Robinet n’était pas pour demain… L’espoir n’était pas mort, il résidait dans le courant d’air qui émanait d’une trémie ascendante malheureusement obstruée pas des blocs. Il s’en suivi des séances de désobstruction toujours scandées par le même scénario, c’est à dire « gansaillage » des blocs à l’aide d’une perche que l’on tentait tant bien que mal de rallonger et « escampage » immédiat au moindre bruit qui, à chaque fois, nous faisait croire que nous allions être débordés par une avalanche de pierres que la salle n’aurait pu contenir. À chaque tentative nous n’accouchions que d’une souris et la désobstruction s’éternisa… Dès que nous avions un moment, on s’attelait au chantier. Un beau jour nous, en ressortant de la cavité nous fûmes témoins d’un étrange évènement : Dans la nuit, un puis deux trains aux fenêtres éclairées étaient immobilisés au pied de la falaise. De prime abord plutôt féérique, la scène nous parut rapidement douteuse lorsque nous vîmes approcher une lueur bleue tournoyante qui venait de Donzère. Bien que nous n’ayons rien à nous reprocher, je suggérai alors à mes deux collègues d’éteindre la petite flamme de leur casque, Olivier étant déjà engagé un peu plus haut sur la corde. Le véhicule à la lumière bleue s’était arrêté au niveau du train et des rumeurs d’agitation s’élevaient crescendo autour de la voie… Les minutes passèrent lorsque de petits « tic-tictic » sur nos casques nous firent comprendre que la pluie commençait à tomber… Bon… Olivier, qui n’envisageait pas de passer la nuit sous la pluie pendu à la falaise comme une (future) saucisse bavaroise, actionna le piézo de son casque. La petite flamme réapparut et, évidemment, ce qui devait se produire arriva… À la manière d’une Liza Minnelli descendant les marches, il fut illuminé d’un splendide halo de projecteur, il ne manquait que les plumes et l’évocation de New York pour magnifier le tableau, à la différence notable que les clameurs provenant des spectateurs ne semblaient pas être véritablement des bravos… « Mais qu’est-ce que vous faites ici !? Descendez immédiatement ! » hurlèrent les individus à la lumière bleue. Non par plaisir de provoquer, même si j’avoue que ça s’y ajoutait subrepticement, je répondis poliment : « non on remonte ! » En effet, nous ne pouvions descendre car la corde s’arrêtait à l’entrée du trou située à une bonne vingtaine de mètres du pied de la paroi. Tout en remontant, je me disais en moi-même que, de nuit, au milieu de la garrigue du plateau que nous connaissions comme notre poche, ils ne nous auraient pas trouvés… En haut de la falaise, nous ne vîmes personne, la nuit était sereine, nous pûmes déséquipés tranquillement la corde et les amarrages sans être perturbés. Mais nous n’étions pas encore sortis d’affaire, il y avait encore un indice, et de taille, qui était bien en évidence sur le parking : l’automobile. Une voiture de société deux places et dans laquelle, soit dit en passant, nous étions venus à trois. Je précise pour les jeunes générations bercées par la mouvance sécuritaire que c’était normal pour nous, comme de voyager dans la tombe roulante de Patrick, la ceinture de sécurité pendant à l’extérieur, avec une bouteille de Côtes du Rhône entamée que l’on coinçait entre le siège et le frein à main de façon à l’avoir commodément à portée de main tout en roulant sur la route sinueuse des Gorges de la Vis (nul n’est assez prudent) … Bref, arrivés à la voiture deux ou trois pandores nous attendaient avec leurs torches. Au demeurant plutôt sympathiques, ils nous expliquèrent que le trafic ferroviaire était interrompu à cause d’une chute de pierres que l’on aurait provoquée… « Aaah c’est pas nous ! » fusa spontanément de nos bouches, les jambes droites dans nos bottes tout en argumentant que l’ouverture de la grotte dans la falaise correspondait à la tête d’un puits intérieur et que les pierres ne pouvaient donc pas en sortir, en considérant bien sûr que le problème était forcément antérieur à notre remontée et non issu de cette dernière… Mais comment se dédouaner vis-à-vis d’une situation qui parait d’une telle évidence vue de l’extérieur ? J’éprouvai le même embarras que je ressentais lorsque je passais en train près de l’usine de cellulose entre Arles et Tarascon. En particulier lorsque je me trouvais seul dans le compartiment en compagnie d’une jolie femme qui n’était pas du coin. Aux premières fragrances d’œuf couvé si caractéristique du lieu, un regard accusateur vous dévisage comme si vous étiez à l’origine du forfait… Vous ne pouvez pas même pas renvoyer l’accusation par une mimique car la personne devant vous, qui ignore la présence de l’usine, sait pertinemment que ce n’est pas elle la coupable, c’est donc forcément vous alors que vous n’y êtes pour rien ! Que faire, que dire !? Avec l’expérience je compris que la meilleure technique était de dégainer le premier ! Mais revenons au plateau du Robinet. Face à nos explications les gendarmes nous répondirent qu’ils étaient prêts à nous croire mais qu’il faudrait surtout convaincre la SNCF et nous donnèrent rendez-vous dès le lendemain à la brigade de Donzère… « Aaah les alpinistes » s’exclama le brigadier-chef avec le sourire de l’adjudant Gerber à notre arrivée dans son bureau le samedi matin. Courtois et plutôt amusé, il nous exposa qu’il n’y avait rien à l’encontre de nos activités alpinistico-spéléologiques dans les falaises du Robinet mais que la section de la SNCF de Marseille, dont dépendait la sécurité de ce tronçon de voie, avait porté plainte pour dégradation et interruption du trafic et qu’une enquête allait être diligentée dès le lundi… Bien qu’affichant l’assurance de circonstance du « craint degun », nous repartîmes en nous caguant un peu dessus je dois avouer… En imaginant le nombre de passagers qui allaient demander des remboursements, le montant du préjudice me parut vertigineux pour nos petites épaules… Lundi arriva et l’enquête eu lieu en présence de notre vénérable et aimé Président qui n’aurait jamais abandonné ses héros qui s’étaient si hardiment distingués. Il prit toutefois la précaution d’écarter tout risque d’intervention intempestive de la part de son lieutenant qui se serait avérée contreproductive pour ne pas dire désastreuse, car l’incontrôlable Teissoun, si efficace dans le renseignement et les tractations obscures, était une bombe à retardement en termes de négociations officielles et délicates avec les autorités… Ce jour-là, Son Excellence le Commodore Audouard nous éblouit d’une leçon de diplomatie qui pour moi restera gravée dans le marbre. Non seulement il réussit à prouver que le sectionnement des fils de détection (qui signalent les chutes de pierres) ne se situaient pas à l’aplomb du grand pilier où nous évoluions(mais ça à la limite ce sont les faits qui ont parlé), mais surtout, surtout (je le répète mais c’est exprès), il réussit à convaincre le responsable de la sécurité de la SNCF qu’il était bénéfique pour la sécurité de la voie que nous continuions nos activités exploratoires dans les falaises… ! Nous fûmes donc officiellement encouragés à recommencer… Énormissime !!! Tout ça pour dire que je récupèrerais volontiers ma barre à mine qui doit encore gésir au pied de la trémie…
Hervé G.