Retrouvailles – Les moments justes échappent au temps
Dimanche dernier, c’était la journée galette du MASC. Enfin, en fait de galette, vu qu’on n’a pas pu se réunir pendant la transhumance des têtes couronnées pour cause de crise sanitaire, ce fut plutôt une journée pogne ou pique-nique – bref, une journée conviviale en pleine nature pour les membres du club et on a passé un super moment.
On avait rendez-vous à 10h, je crois (oui, je ne suis pas très bonne sur les horaires, c’est le moindre de mes défauts, rendez-vous aux temps chauds – attention, référence littéraire indirecte inside) au parking sur la route. On devait y rejoindre Jean-Jacques et Charlotte.
En fait il y a eu toute une organisation disons complexe pour les covoiturages. Ludwig, qui se sentait en veine pour faire Sam, a proposé à Fanny qu’on fasse un détour pour la chercher, puis il a courageusement donné le volant à Geoffrey – enfin bref, j’ai rien compris.
Toujours est-il qu’on est arrivé sur le coup de 11h15 à 11h30 sur place (sifflote en regardant ailleurs). Au bord de la route on voit Jean-Jacques qui nous attend, flamboyant comme un pompier, pimpant dans sa polaire rouge. On est bien content de retrouver notre président bien-aimé (cœur avec les mains – dédicace, héhé). On s’équipe rapidement au bord de la route – enfin, on ne s’équipe pas vraiment, on met surtout des choses adaptées à la marche possiblement sous la pluie sur nos corps zet sur nos pieds, on se charge de victuailles et autres denrées libatoires…
… et on suit JJA sur une descente bien raide entre les arbres (note perso : dans une autre vie, choisir un autre modèle de genoux) ! Et on arrive aux abris de Dumas, sorte de caverne avec un espace repas surplombant l’Ardèche.
Rencontres – Les moments lumineux échappent à la météo
Le ciel est gris et le soleil est dans nos cœur (ici une musique bucolique avec des êtres merveilleux et nus qui volètent gaillardement dans une nuée de paillettes irisées), nous sommes heureux de retrouver autour de cette table, visiblement déjà installés depuis un moment, nos camarades.
Pour ma part je revois des personnes que je n’ai pas croisées depuis un moment et aussi d’autres que je ne connais pas. Un des trucs super de cette journée, c’est qu’elle aura permis de mettre des visages, des sourires et des voix sur des noms qu’on voit parfois passer sur les espaces numériques de communication du MASC et qu’on n’a jamais rencontrés. Et ça c’était vraiment chouette, tout comme la rencontre entre plusieurs générations (no offense).
Certains membres du club font figure de mythe pour moi. J’ai esquissé un portrait mental de ces personnages en rassemblant, comme les pièces d’un puzzle, les infos entendues ou lues en diverses occasions. Dans le théâtre de mon imaginaire, par exemple, l’un est le Spéléo des Glaces (Serge A.), venu accompagné de son petit-fils Clément, roux et bouclé, qui « grimpe déjà mieux que moi », l’autre le Maître des Topo (Yves B.), j’aurais bien aimé qu’il me parle de son art mais l’occasion ne s’est pas présentée, j’ai peut-être passé trop de temps avec le patient Michel C. à parler de mon non-art (d’ailleurs a posteriori je réalise que je ne l’ai guère interrogé sur lui, dommage, mais bon, une autre fois…).
Le renouveau de l’association – Les passions vraies se rient des âges
Avec mes petits camarades, on est un peu les petits scarabées de la spéléo.
En fait c’est très touchant d’être en présence des anciens du club. Ils nous ont témoigné comme d’habitude beaucoup de gentillesse et de bienveillance. C’est toujours passionnant d’échanger avec eux, même si parfois leurs récits sont sources d’effroi…
C’est tout un monde à chaque fois qui s’ouvre et qui personnellement me donne un peu plus envie d’explorer l’univers des grottes. Qui me donne aussi l’impatience de progresser en espérant pouvoir le faire suffisamment pour me confronter à des sorties plus exigeantes.
On discute un moment tous ensemble puis il est décidé de faire deux groupes pour aller visiter la fameuse grotte des Cocottes à laquelle nous avons obtenu l’autorisation d’accéder (merci au Parc Naturel Régional de l’Ardèche).
On nous recommande de faire particulièrement attention parce que la grotte se parcourt essentiellement en rampant et il y a beaucoup de concrétions sur le plafond très bas, pour certaines très fragiles. On doit faire attention notamment à nos casques pour ne rien casser en relevant la tête inopinément.
Le premier groupe part, avec Leila qui partagera le récit de cette première expédition.
Lever les yeux à la terre, essayer de la lire
Je ferai partie du second groupe avec Ludwig, Jojo, Arnaud, Charlotte, Fanny, Pierre et sa compagne Sylvie dont c’est la première expérience sous terre.
Dès l’entrée, il faut immédiatement s’aplatir au sol et ramper. Un moment nous arrivons dans une petite salle où nous pouvons nous lever. Là nous croisons le deuxième groupe qui est en train de sortir. Michel C. nous guide gentiment pour nous indiquer par où passer pour la suite de la visite.
Je suis absolument sous le charme. C’est magnifique. Bon, d’accord, c’est toujours magnifique mais là c’est particulièrement magnifique et c’est même un peu magique. Comment est-il possible d’avoir des concrétions horizontales ?! Cela me fait penser à un précipité chimique, quelque chose qui aurait cristallisé horizontalement, suspendu dans un mouvement inachevé, comme à Pompéi, mais dans une temporalité toute autre ; manifestant ainsi, dans une forme figée et évolutive, le mouvement d’une force centrifuge présente en permanence et pourtant imperceptible à nos sens.
Pierre évoque également l’idée – je l’entends discuter en sourdine avec Charlotte cependant que je me m’abîme un peu dans la contemplation des différentes nuances irisées de ces impressionnantes concrétions – diverses forces telluriques qui pourraient être à l’œuvre ici, et également les rapports et réactions possibles entre différents minéraux qu’on ne connaît pas vraiment.
C’est vrai qu’il faut se souvenir que tout cela est là depuis… très longtemps. Je me rends compte à quel point mon discours doit être naïf car mes connaissances en géologie sont proches de zéro. Pourtant je trouve cela fascinant et j’espère bien avoir l’occasion de m’améliorer sur ce point et sur la topographie. Ça tombe bien : on me dit dans l’oreillette que l’initiation à la topo pourrait faire partie des projets du MASC pour cette année.
A défaut de savoir lire, sentir…
Alors que nous sommes allongés dans un espace que l’on hésite à appeler une salle tant son plafond est bas, et qui pourtant mérite largement cette dénomination tant son plafond est beau, je suggère, prétextant la première fois sous terre de Sylvie, un moment de « vrai noir ». Nous éteignons nos lumières.
Nous sommes en fait plutôt confortablement installés, couchés sur le dos sur un sol sec (l’environnement est étrangement sec pour une fois, pas de boue ici mais de la poussière).
Les lumières s’éteignent, après quelques pouffements, le silence se fait. Quelle merveille…
Nous restons ainsi un moment, nous conversons un peu dans le noir, avec juste quelques passages du silence vivant des cavités ; et puis nous rallumons et nous remettons doucement en route vers la sortie, non sans faire quelques détours pour admirer ici là des concrétions extraordinaires ou des espaces étroits offrent de large ouvertures vers le rêve.
Un fantasme réalisé vaut bien un sous-titre (quand on peut faire plaisir…)
Quand Fanny, Charlotte et moi commençons à nous diriger vers la sortie en rampant devant Pierre et Sylvie encore assis sur le côté, Pierre susurre à Sylvie :
« Enfin des femmes qui rampent à mes pieds… »
On t’aime bien, Pierrot, alors on dira rien… (cœur avec les mains).
Back up to the ground
Une fois que nous sommes sortis de la grotte, il y a la petite marche d’approche à faire dans l’autre sens, en descente. Est-ce le souvenir de la grotte des Calles, pour ceux d’entre nous qui l’ont parcourue récemment, qui s’est réveillé ? Toujours est-il que nous nous retrouvons à dévaler une bonne partie de la pente sur les fesses, en faisant une luge à plusieurs wagons que l’on n’hésitera pas à appeler « chenille » (on aura notamment appris au cours de cette journée, entre autres choses édifiantes et utiles, que Fanny connait par cœur les paroles de la chanson de « La Chenille » – mais siiiii, vous savez, le truc ringard qu’on chante aux mariages quand tout le monde est bien chaud, en attendant le gâteau ?
D’ailleurs en parlant de gâteau, Fanny avait fait un » crownie », en gros un brownie recouvert de crumble, à se rouler par terre en poussant des petits cris aigus tellement c’est bon.
Un dernier bout pour la route
Retour aux agapes. On mange, on papote, on fait des photos, on rit, certains descendent faire un tour du côté de la rivière. Il ne fait pas chaud mais on a échappé à la grosse pluie et de toute façon à cet endroit on est abrité.
Sans guère de transition on enchaîne avec le goûter à base de pogne offert par le club. On fait une super photo avec un des beaux drapeaux du MASC qu’Alex-le-Grand-is-back-hurray a fait faire.
Et puis c’est l’heure de remonter vers les voitures. Il pleut un peu mais pas trop, mais il commence à faire vraiment frais. Une fois qu’on a rejoint nos voitures au bord de la route, on discute encore un moment, on se répartit dans les véhicules et nous prenons la route du retour, qui vers Montélimar, qui vers le sud, non sans sans nous promettre de nous retrouver très prochainement, probablement le vendredi suivant pour la réunion du club, pour ceux qui pourront se rendre disponibles.
P.S. :
J’ai entendu plusieurs fois au cours de la journée employer le terme de « fistuleuse » pour désigner, sauf confusion de ma part, certaines des concrétions présentes dans la grotte des Cocottes. Je regarde la définition sur Internet et je vois qu’une fistuleuse est « une concrétion tubiforme monocristalline qui s’allonge suivant la verticale et au sein de laquelle circule l’eau d’infiltration ». En gros si je comprends bien ça serait une stalactite creuse et plus ou moins transparente ou translucide. Mais à mon avis je ne comprends pas bien, il faudra que je demande aux experts de m’expliquer mieux que ça.
P.S.2 :
Et puis j’aimerais bien savoir comment on appelle ces concrétions follement horizontales autour de certains faisceaux de stalactites !
P.S. 3 :
Les concrétins horizontales s’appelleraient des « excentriques ». Ça me va bien (lol).